Elena FERRANTE : L'amie prodigieuse, tome 2 : Le nouveau nom
Elena FERRANTE, L'amie prodigieuse, tome 2 : Le nouveau nom.
640 pages.
Editions Folio (3 janvier 2017).
QUATRIEME DE COUVERTURE :
Naples, années soixante. Le soir de son mariage, Lila comprend que son mari Stefano l’a trahie en s’associant aux frères Solara, les camorristes qui règnent sur le quartier et qu’elle déteste depuis son plus jeune âge. Pour Lila Cerullo, née pauvre et devenue riche en épousant l’épicier, c’est le début d’une période trouble : elle méprise son époux, refuse qu’il la touche, mais est obligée de céder. Elle travaille désormais dans la nouvelle boutique de sa belle-famille, tandis que Stefano inaugure un magasin de chaussures de la marque Cerullo en partenariat avec les Solara. De son côté, son amie Elena Greco, la narratrice, poursuit ses études au lycée et est éperdument amoureuse de Nino Sarratore, qu’elle connaît depuis l’enfance et qui fréquente à présent l’université. Quand l’été arrive, les deux amies partent pour Ischia avec la mère et la belle-sœur de Lila, car l’air de la mer doit l’aider à prendre des forces afin de donner un fils à Stefano. La famille Sarratore est également en vacances à Ischia et bientôt Lila et Elena revoient Nino.
MON AVIS :
Le nouveau nom est la suite directe de L’amie prodigieuse, qui évoque l’enfance et l’adolescence de Lila et Elena. Avec force et justesse, Elena Ferrante y poursuit sa reconstitution d’un monde, Naples et l’Italie, et d’une époque, des années cinquante à nos jours, donnant naissance à une saga romanesque au souffle unique.
On y retrouve Elena et Lila, les deux amies prodigieuses du tome 1, dans leurs vies respectives d’un quartier défavorisé de Naples. Lila est désormais une femme mariée tandis qu’Elena poursuit ses études au lycée, tout en rêvant secrètement au beau Nino Sarratore qu’elle connaît depuis l’enfance et dont elle est éperdument amoureuse…
Une fois encore, comme dans le tome précédent, les deux jeunes filles se transforment, tant physiquement que psychologiquement. Elles s’entraident et s’en prennent encore l’une à l’autre. Leurs chemins, qui s’écartent mais finissent toujours par se recroiser, les conduisent désormais dans un âge adulte difficile, semé de souffrances et de ruptures… C’est toujours passionnant, peut-être même davantage que le tome inaugural qui souffrait parfois de longueurs et de tergiversations. Pourtant, l’auteure n’introduit aucune nouveauté dans son récit. Elle continue de tracer le portrait de ces deux amies qui tout oppose. Mais la tendresse du premier tome laisse place à la passion et à ses ravages. C’est peut-être ce qui rend cette suite plus addictive et plus fascinante.
Ou peut-être est-ce parce que Lila et Elena évoluent dans un quartier populaire de Naples qu’Elena Ferrante fait véritablement vivre ou revivre sous les yeux de ses lecteurs ? L’auteure raconte la culture populaire de ce quartier d’alors, avec tout ce qu’il contient d’expressions colorées, de violences conjugales, de querelles de voisinage et d’escroqueries. Peut-être. Toujours est-il qu’on a l’impression de regarder un feuilleton dans l’intrigue est foisonnante et semble s’ancrer dans les mutations socio-économiques de ces années-là.
Ou peut-être est-ce la voix de Marina Moncade qui m’a emportée dans cette saga romantique au souffle unique ?! Peut-être. En tous cas, je n’ai plus ressenti l’agacement qu’Elena, personnage bourrelé de complexes, encline à l’autodénigrement, avait suscité dans le tome 1. Je lui ai pardonné ses atermoiements, ses phases d’introspection que j’avais trouvées prodigieusement longues et je suis désormais impatiente de la retrouver dans le tome 3 de cette tumultueuse tétralogie ! Comme quoi, tout arrive…