CHRISTIE, Agatha : La maison biscornue
Agatha CHRISTIE, La maison biscornue.
240 pages.
Editions Le Masque (22 août 2012).
QUATRIEME DE COUVERTURE :
Lorsque le vieil Aristide est retrouvé mort, empoisonné dans l'étrange maison biscornue, qui abrite trois générations de Leonidès, les soupçons se portent très rapidement sur sa toute jeune épouse et le précepteur, qui pourrait fort bien être son amant... Mais le verdict paraît trop évident à Charles Hayward, qui met alors tout en œuvre pour découvrir à qui pourrait profiter le crime. Car il y a aussi les deux fils d'Aristide, Philip et Roger, leurs épouses respectives, Magda et Clemency, les trois petits enfants et la vieille tante Edith, protégée du défunt... Et tous auraient pu se procurer l'ésérine qui a servi à le tuer…
MON AVIS :
Agatha Christie est sans nul doute l'une des romancières les plus appréciées de son temps. Auteur de quatre-vingt-quatre ouvrages qui constituent pour la plupart des intrigues policières, d'une vingtaine de pièces de théâtre et de plusieurs recueils de nouvelles, elle est parvenue à faire de ses œuvres de grands succès du XXème siècle, lues partout dans le monde.
Et lorsque la reine du crime, elle-même, déclare que La maison biscornue fait partie de ses œuvres préférées, on peut lui faire confiance !
Dans ce huis-clos sombre et oppressant, le lecteur n'est pas au bout de ses surprises ! Il lui faudra beaucoup d'intuition et une profonde connaissance de la nature humaine et de ses perversions pour venir à bout de cette étrange affaire familiale et démasquer le coupable. Car parmi ses proches, chacun a au moins une bonne raison de vouloir se débarrasser d’Aristide. Reste toutefois une question et non des moindres, qui aurait eu assez de cran pour passer à l’acte et tuer le grand-père ?...
Parce qu'il a lieu au sein même de la famille, le crime qu'Agatha Christie a mis en scène dans La maison biscornue paraît particulièrement odieux. L'auteure y explore le thème de la famille et quelle étrange famille que la famille Leonidès ! C'est une famille dysfonctionnelle, aussi peu orthodoxe que l'étrange maison biscornue qui leur sert, à tous, de foyer...
«C'était une villa, mais de proportion si exagérées qu'on avait l'impression de la voir sous le grossissement d'une loupe énorme, une villa qui avait l'air d'avoir poussé en vingt-quatre heures, comme un champignon, une invraisemblable construction, tourmentée à l'excès.»
Le ton est donné ! De cette maison singulière, il se dégage une atmosphère étrange, pénétrante, comme si la maison, douée de volonté propre, était capable d'agir par elle-même. Dès lors, le lecteur ne s'étonnera pas qu'un tel lieu ait pu être le théâtre d'une si odieuse tragédie ! Il n'y a rien de paranormal cependant dans cette intrigue d'Agatha Christie. C'est bel et bien au sein de la famille Leonidès que se trouvent les racines du mal et accessoirement, le meurtrier d'Aristide...
Agatha Christie brosse un portrait très sombre et pessimiste de la famille. Tyranniques, égocentriques, vaniteux, ses personnages sont d'une laideur effarante ! Dans cette effroyable histoire d'apparences et de faux-semblants, Agatha Christie semble vouloir prévenir le lecteur des dérives psychologiques qui mènent au crime, c'est captivant !
Si avec un peu de perspicacité, le lecteur parvient à identifier le coupable, il n'en reste pas moins que La maison biscornue reste une pièce maîtresse dans l'œuvre d'Agatha Christie. Tout y est intellectuel, glaçant et déroutant à l'extrême ! Un monument de la littérature policière à découvrir absolument !