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HISTOIRE DU SOIR
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25 avril 2019

Jean TEULÉ : Fleur de Tonnerre

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Jean TEULÉ, Fleur de Tonnerre.
264 pages.
Editions Pocket (6 mars 2014).

QUATRIEME DE COUVERTURE :

C'était au temps ou l'esprit des Lumières et le catéchisme n'avaient pas soumis l'imaginaire populaire aux lois de la raison et du Dieu unique. Partout en Bretagne, dans les forêts et les landes, sur les dunes fouettées par les vents fous de l'Atlantique, couraient les légendes les plus extravagantes. Le soir, au creux des fermes, on évoquait inlassablement les manigances des êtres surnaturels qu'on savait responsables de la misère et des maux qui frappaient sans relâche. De tous, l'Ankou, l'ouvrier de la mort, était le plus craint, et c'est cette terrible image qui frappa avec une violence inouïe l'esprit de la petite Hélène Jégado. Blottie contre le granit glacé des gigantesques menhirs, l'enfant minuscule se persuada qu'elle était l'incarnation de l'Ankou. Elle devait donc tuer tous ceux qui se trouveraient sur sa route et remplit sa mission avec une détermination et un sang-froid qui glacent le sang. Après avoir empoisonné sa propre mère qui l'avait surnommée « Fleur de tonnerre », elle sillonna la Bretagne, éliminant sans la moindre hésitation tous ceux qui accueillaient avec bonheur cette cuisinière si parfaite. Elle tuait tout le monde, hommes, femmes, enfants, vieillards et nourrissons. Elle empoisonnait dans les maisons, dans les presbytères, dans les couvents, dans les bordels. Et elle était si bonne, si compatissante aux chevets des mourants, que personne ne pouvait soupçonner un seul instant son monstrueux dessein. Au contraire, on plaignait cette personne si dévouée que la malchance conduisait toujours dans des familles victimes de la guigne. À laisser trop de traces, elle finit par se faire prendre, le jour où elle s'attaqua à un ancien juge, expert en affaires criminelles. Hélène Jégado reste la plus grande « serial killer » de France et, sans doute, du monde entier.

MON AVIS :

Jean Teulé, qui nous a habitué à de succulents récits en partie historiques, qu’il agrémente de son style inimitable et de son humour décalé, porte cette fois à la connaissance du grand public l’histoire d’une des plus grandes meurtrières de l’Histoire de France : celle d’Hélène Jégado, surnommée Fleur de tonnerre.

Froide, folle, parfois attachante, celle que l’on a aussi surnommé la « Brinvilliers bretonne » reprend vie sous la plume pétaradante de l’auteur qui nous fait découvrir un fait divers passé totalement inaperçu face aux évènements de l’époque (lorsque le procès d’Hélène Jégado s’ouvre le 6 décembre 1851, le coup d’Etat de Louis Napoléon Bonaparte – Napoléon III donc- qui a eu lieu quelques jours plus tôt – le 2 -, empêche les journalistes parisiens de se rendre au prétoire, puisque Rennes, à l’époque, n’est pas encore accessible par les chemins de fer).

Que vous dire de plus sinon que ce roman qui a fait l’objet d’une adaptation cinématographique en 2016 ? Pour bien comprendre le roman de Jean Teulé et l’apprécier, il faut comprendre qu’à l’époque, la Bretagne est à genoux, accablée par le régime en place et par le clergé omnipotent. C’est une région qui se meurt dans un marasme économique qui n’en finit pas. Au milieu de cela, une fillette en souffrance pousse, tant bien que mal. Cette gamine, c’est « Fleur de Tonnerre », une enfant isolée, malmenée par la vie et bercée par de trop féroces légendes ancestrales, les superstitions et les peurs de parents non éduqués.

« Je suis devenue l’Ankou pour surmonter mes angoisses. […] Les nuits, j’allais me charger de la force nécessaire en m’adossant contre un menhir de la lande des Caqueux. Je ressentais profondément en moi son irradiante énergie fantastique. J’en ai encore les vertèbres qui brûlent. »

Hélène Jégado sèmera la mort, peut-être juste pour être regardée et aimée… Outre le fait que l’écriture et le style de Jean Teulé peuvent surprendre, choquer ou même rebuter (selon la sensibilité littéraire de chaque lecteur), il n’en demeure pas moins que Fleur de Tonnerre est un roman qui mérite d’être lu pour la psychologie et le côté insaisissable de son personnage principal.

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Commentaires
A
J'avais tenté il y'a quelques années de lire Le Montespan, je dis bien tenté parce que je n'ai jamais réussi à en venir à bout, malgré les 150 et quelques pages... :/ J'ai presque été déçue de ne pas aimer parce que j'avais lu essentiellement de bons avis mais je n'ai pas réussi à apprécier le style de l'auteur... comme tu le dis justement dans ta chronique, le style de Teulé est particulier et on aime ou n'aime pas...Finalement, je me suis dit que l'univers de Teulé n'était pas pour moi...<br /> <br /> Je n'ai pas lu Fleur de Tonnerre à cause de ça, du coup. Pourtant, l'idée de départ est bonne... un peu comme dans Mangez-le si vous voulez, où il aborde un événement assez terrifiant et authentique, qui a eu lieu en Dordogne dans les années 1870 mais dont on ne se souvient pas vraiment... là, c'est pareil : qui se souvient de cette fameuse Hélène Jégado ? L'auteur a au moins le mérite de la sortir des limbes de l'Histoire mais...non, vraiment, je n'arrive pas à me décider. ^^ Contente en tout cas de voir que ce roman t'a convaincue.
S
J'avais "aimé" et appris beaucoup aussi, d'autant que j'habite Rennes !
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