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HISTOIRE DU SOIR
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29 janvier 2019

Toni MAGUIRE : Les larmes et la soie

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Toni MAGUIRE, Les larmes et la soie.
320 pages.
Editions City (22 novembre 2017).

QUATRIEME DE COUVERTURE :

Dans la maison close de Mary Jefferies, on trouve les plus belles filles de Londres. Vendues par leurs parents ou kidnappées, elles ne sont que des jouets destinés à des hommes de la haute société victorienne. Et les clients ne manquent pas, d’autant que la tenancière n'est pas très regardante sur les sévices infligés.

Au milieu de cet enfer, Agnes a neuf ans. Elle n'est pas prostituée car elle n’est pas assez jolie, mais elle a un don artistique : elle dessine sur la toile des petites filles nues. Des filles qui, ensuite, disparaissent mystérieusement. Que leur arrive-t-il ? À cette seule idée, Agnes tremble de peur.  

Quand on lui demande de peindre le portrait d’Emily, sa seule amie dans cette maison des horreurs, la petite fille est terrorisée. Pour la « moins-que-rien », il est temps de se rebeller, de ne plus se taire et d’essayer de s’enfuir…

MON AVIS :

Toni Maguire est l'auteure des documents best-sellers Ne dis rien à personne, Pourquoi personne ne m'a aidée, Ils ont laissé papa revenir et Ils ont volé mon innocence (tous publiés aux éditions City). Avec Les larmes et la soie, elle signe un premier roman historique sur les travers de l'époque victorienne. Certes, l’intrigue est sordide. Il y est question de prostitution, de séquestration, de trafic d’enfants et si certains passages font froid dans le dos, ils témoignent surtout de la duplicité morale de la société victorienne.

Si les personnages sont pour beaucoup dans le roman de Toni Maguire, l’atmosphère de Londres et de ses quartiers insalubres captivent également le lecteur. Transporté dans les bas-fonds crasseux de l’East End, on y découvre avec stupeur les conditions de vie des plus misérables. C’est un portrait saisissant de réalisme que Toni Maguire offre à ses lecteurs. On y arpente les venelles sombres et mal famées, on y rencontre ce qu’il faut de filles perdues, abandonnées à leur sort, d’ivrognes et de voyous prêts à tout pour délester le chaland de ses espèces sonnants et trébuchantes. L’enquête à propos du rapt d’Emily et des autres filles purement et simplement vendues par leurs parents captive par sa noirceur et son côté scandaleux. On suit avec beaucoup d’intérêt les pérégrinations d’Agnes dans ces quartiers sombres où le danger et la mort rôdent à chaque coin de rue…

Dans un luxe de détails sordides (mais nécessaires), l’auteure laisse éclater une vérité aussi sombre que les quartiers de Londres sans lesquels son intrigue se déroule. C’est glauque, dérangeant, inquiétant, malsain et révoltant mais c’est surtout une critique implacable et véhémente à l’égard de cette société victorienne dont on ne nous dépeint souvent que le faste et les bons côtés ! La condition féminine constituant un véritable paradoxe en la puissance et la richesse de la nation britannique et la misère sociale qui prédominait alors dans le pays.

On apprend notamment que sur le plan juridique, les droits de la femme mariée s’apparentent à ceux de l’enfant mineur. La femme ne dispose pas du droit de vote. Elle ne peut ni porter plainte et ni posséder de biens propres. Cantonnée dans un rôle de mère et de maîtresse de maison, la femme du début du XIXème siècle au Royaume-Uni n’a pas le droit d’occuper un emploi (hormis dans l’enseignement), ne peut pas divorcer et peut tout à fait être jetée à la rue par son époux, à qui elle doit d’ailleurs prêter obéissance.

Toni Maguire illustre parfaitement le dogme social qui pèse sur les femmes de l’époque. On comprend, grâce à l’histoire d’Agnes, Emily et de leurs familles respectives, à quel point les femmes étaient cantonnées plus ou moins à un rôle d’« ornement social » auprès de leur époux, l’obéissance et la soumission étant alors considérées comme des qualités primordiales. Diverses réformes (auxquelles l’auteure fait référence dans son récit) seront mises en œuvre au cours du siècle et permettront de poser les premiers jalons de l’évolution vers une émancipation de la condition féminine. Malheureusement, il faudra attendre bien longtemps encore pour que les conditions de vie des plus misérables (et notamment des prostituées) s’améliorent…

Les larmes et la soie n’est pas le mélodrame que le lecteur peut s’imaginer de prime abord. C’est un roman sans apprêt, brut et percutant, qui assimile la prostitution à l’esclavage et révèle en creux l’hypocrisie de la société victorienne ainsi que la détresse de toutes celles qui ont été abusées et exploitées.

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Commentaires
A
Avant de lire ta chronique plutôt élogieuse, j'en avais lu une autre carrément plus mitigée et qui m'avait fait hésiter...Maintenant, je me dis : pourquoi pas ? Après tout, un avis est très subjectif et je me dis que l'aspect historique du roman pourrait me convaincre. ;) A voir...
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