Emmanuelle CARON, Tous les âges me diront bienheureuse.
275 pages.
Editions Grasset (23 août 2017).
QUATRIEME DE COUVERTURE :
Qui est Ilona Serginski ? Qui est cette vieille femme, que sa petite fille, Eva, croit si bien connaître, et qui vit recluse dans une maison de retraite bretonne ? Aux portes de la mort, Ilona se met à parler une langue inconnue et réclame un prêtre pour confesser les crimes d’une existence dont il apparaît soudain que personne n’a démêlé les secrets. D’où vient-elle vraiment, quelle est son histoire ?
Pour y répondre, il faudra plonger dans les replis de la tragédie russe et soviétique, et suivre la lignée d’Ilona, depuis les remous de la guerre civile en 1917, jusqu’à aujourd’hui.
Traversant tous les âges, Ilona sera tour à tour la fille adorée d’un assassin, l’idole prostituée d’un ogre mafieux et la mère sacrifiée d’une enfant trop brillante. Ce premier roman dévoile le destin d’une femme, emblème de son siècle passionné et violent.
MON AVIS :
Emmanuelle Caron est née en 1975 à Paris. Agrégée de Lettres, elle enseigne la littérature et le théâtre dans un lycée international de Montréal. Ses poèmes sont parus aux éditions du Noroit, et quatre romans jeunesse à L’École des Loisirs. Tous les âges me diront bienheureuse est son premier roman, une saga familiale très ambitieuse, qui prend racine dans les remous de la révolution russe pré-soviétique de 1917 et se poursuit, avec un détour sur les violences de la Grande Guerre, l’asphyxiante ère brejnévienne, jusqu’à aujourd’hui.
Traversant tous les âges, Ilona, son personnage principal, sera tour à tour la fille adorée d’un assassin qui lui transmettra le goût de sa folie meurtrière, l’idole prostituée d’un ogre mafieux et la mère sacrifiée d’une enfant précoce et trop brillante. Tous ces rôles endossés, l’heure est venue pour Ilona de tirer sa révérence. C’est l’occasion pour cette héroïne à la fois soumise et rebelle, de porter son dernier masque : celui de Baba, que l’approche de la mort se chargera de faire tomber…
« Je me suis donnée au Mal. J’ai tué beaucoup de gens. »
Dans ce roman qui est tout autant celui de la filiation et de la mémoire familiale que celui de l’identité et du mythe, Emmanuelle Caron explique comment Ilona, que sa petite fille croyait si bien connaître, puisse devenir une étrangère, inquiétante par le secret qu’elle exhibe mais qu’elle ne révèle pas…
Malgré un récit haletant et mystérieux, j’ai eu du mal à adhérer à ce roman de transmission du mal et de la violence, qui se dévoile à la manière d’un roman policier. Le récit d’Emmanuelle Caron était toutefois suffisamment condensé pour que j’aille au bout de ma lecture sans déplaisir. Mais la révélation des secrets et des crimes qui accablent Ilona et dont elle cherche absolument à se délester avant sa mort m’ont cependant laissée perplexe...
Sans surprise, l’auteure revient sur l’énigme que constitue Ilona, sur les différentes étapes d’une vie héroïque, faite de violence, jalonnée de tragédies et d’errance. L’idée est plaisante, elle a évidemment tout pour agripper le lecteur dès les premières pages, mais la quatrième de couverture qui, d’entrée de jeu, dévoile les différents visages d’Ilona, en dit vraiment trop ! Tout le mystère qui nimbe cette fresque familiale, par ailleurs remarquablement bien écrite et construite, s’en trouve gâché ! On a l’impression de passer bêtement à côté d’une pépite ! C’est vraiment dommage !