GUDULE, Comment Pauvre Jean roula le Malin et autres fabliaux
GUDULE, Comment Pauvre Jean roula le Malin et autres fabliaux.
172 pages.
Editions Nathan (6 février 2014).
QUATRIEME DE COUVERTURE :
Les manants, les bourgeois, le clergé, les rois et les princesses, l'amour, le ciel et l'enfer, les animaux... Découvrez trente deux fabliaux, plein d'humour, qui mettent en scène les petites gens et se moquent des grands de ce monde. Une savoureuse leçon de liberté !
MON AVIS :
Gudule est née à Bruxelles en 1945. Elle a longtemps vécu au Liban avant de revenir s'installer à Paris. Elle a écrit pour la jeunesse de très nombreux romans, en alternant la veine fantastique et les romans se déroulant dans le monde d'aujourd'hui. Ses thèmes de prédilection sont les maisons hantées, les fantômes mais aussi des problèmes de société comme le racisme, le rejet à cause d'une différence ou d'une maladie ou bien encore la sexualité des adolescents. Gudule a également écrit des romans pour adultes, principalement des romans fantastiques sous son nom, Anne Duguël. Ses ouvrages ont rencontrés un succès croissant auprès des enfants et des adolescents et ont souvent été récompensés par des prix. Gudule s'est éteinte le 21 mai 2015 en laissant derrière elle une centaine de livres, quatre cent poèmes, une dizaine de nouvelles, ainsi que des scénarios de bande dessinée. Autant d’œuvres qui ont marqué notre enfance, et que nous n’oublierons pas...
Dans ce recueil, Gudule redonne vie à quelques uns des fabliaux les plus connus, les plus drôles mais également les plus subtils du Moyen Âge.
Réécrits dans un style moderne plus accessible et répertoriés par thème, on retrouve dans ces trente deux petits fabliaux toute l'impertinence, la grivoiserie et la malice des textes d'origine, généralement transmis de bouche à oreille et destinés avant tout à divertir le peuple.
Ces trente deux petits contes populaires sont l'équivalent de nos blagues modernes. Ils mettent en scène «les petites gens» (ouvriers, paysans, artisans, voleurs, mendiants, maris trompés, épouses volages...) et se moquent allègrement des grands de l'époque (nobles, rentiers, hauts dignitaires, riches marchands, bourgeois parvenus ou clergé).
Dans ces brèves anecdotes, qui en disent souvent plus long que les livres d'histoire sur les rapports des différentes couches sociales, le ressort comique est toujours le même : ce sont les humbles et les défavorisés qui mènent le jeu et la victime est le nanti. Cette vengeance facétieuse et truculente, qui foule au pied les bonnes manières, met en lumière les petits et gros travers de l'époque.
On y trouve très souvent des membres du clergé, cibles favorites de l'humour médiéval, accusés de mener grasse vie et de s'enrichir au détriment des paroissiens. Mais les nobles (comme les rois, les princesses ou encore les bourgeois) y sont également bien représentés et malmenés.
Parce que la mythologie chrétienne joue un rôle fondamental dans la société médiévale, extrêmement croyante, on trouve également un grand nombre de contes populaires dans lequel le diable, Dieu et ses saints font l'objet de toute la malice du peuple.
Enfin, difficile de parler de fabliaux et de littérature médiévale sans évoquer les fables mettant en scène des animaux. L'Antiquité en faisait déjà usage (Les fables d'Ésope), le Moyen Âge a également sacrifié à cette tradition avec Le Roman de Renart. Gudule présente ici quelques exemples parmi les plus célèbres.
En conclusion, Comment Pauvre Jean roula le Malin et autres fabliaux est un excellent petit recueil, idéal pour une première approche de la littérature médiévale. Vivants et pleins de malice, ces trente deux petits fabliaux laissent la part belle au quiproquo et à la farce, une excellente façon de découvrir le quotidien et l'humour, satirique et souvent grivois, de nos ancêtres !