Jodi PICOULT, Pardonne-lui.
475 pages.
Editeur : Michel Lafon (12 septembre 2013)
ISBN-10: 2749920280
ISBN-13: 978-2749920283
Lu : 09/2013.
QUATRIEME DE COUVERTURE :
Sage Singer est une solitaire. Elle dort le jour et travaille la nuit dans une boulangerie, où elle oublie les blessures de la vie en pétrissant le meilleur pain de la ville. Quand elle rencontre Josef Weber, un vieil homme insomniaque, Sage a enfin le sentiment d’avoir trouvé quelqu’un à qui se confier. Malgré leurs différences, chacun devine les cicatrices intimes de l’autre, et une amitié inattendue voit le jour.
Jusqu’au soir où Josef lui révèle le terrible secret qu’il cache depuis soixante ans et lui demande la plus incroyable des faveurs : le tuer. Confrontée à un choix moral impossible, Sage fouille dans l’histoire de sa famille pour tenter de résoudre son dilemme. Mais alors qu’elle plonge dans les horreurs de la Seconde Guerre mondiale à la recherche de la vérité, elle découvre que la frontière est parfois bien floue entre amour et trahison, justice et vengeance. Et elle devra répondre à la plus difficile des questions : certains actes sont-ils impardonnables ?
MON AVIS :
Ne vous fiez pas à la couverture très romantique du roman de Jodi Picoult. Pardonne-lui est un roman sombre, qui ébranle et plonge le lecteur dans toute la cruauté et l'inhumanité dont l'être humain est capable.
Pédophilie, sectes, peine de mort, enfant-médicament... Jodi Picoult n'a pas son pareil pour dépeindre le drame et s'attaquer aux sujets de société sensibles ou douloureux ! Ici, c'est le devoir de mémoire et le pardon qu'elle aborde et analyse de manière très nuancée. Une réflexion fine, profonde, dans laquelle le lecteur se sent véritablement investi.
Pardonne-lui n'est pas seulement un roman qui traite de la barbarie nazie et des persécutions qu'ont subies les Juifs pendant la seconde Guerre Mondiale. C'est un roman choral puissant qui alterne intelligemment les points de vue (y compris celui du tortionnaire) et implique émotionnellement le lecteur. Plongé dans l'abysse du mal, on assiste à des scènes révoltantes, d'une cruauté insoutenable. On ressent la souffrance tangible des personnages et on lit, la boule dans la gorge et le cœur serré, l'histoire et les destins croisés de Minka, d'Ania et de bien d'autres encore, comme si on y était. Que ce soit dans le ghetto de Lodz, dans le camp d'Auswitz-Birkenau ou de Bergen-Belsen, certains passages sont si saisissants, si épouvantables qu'on peut à peine retenir ses larmes !
"Le ghetto était une ville fantôme. Nous ne formions plus qu'un flot grisâtre et abattu d'ouvriers n'ayant plus envie de se rappeler leur passé et convaincus de ne plus avoir d'avenir. Il n'y avait plus de rires, plus de marelles. Plus de rubans dans les cheveux, plus de gloussements. Il ne restait plus de couleur, plus de beauté."
"Certaines femmes priaient, ce qui me semblait inutile. Si Dieu existait, jamais il n'aurait laissé cela se produire. D'autres prétendaient que les conditions de vie à Auschwitz étaient si épouvantables que Dieu avait choisi de ne pas y paraître. Si je priais pour quelque chose, c'était pour m'endormir rapidement, sans penser à mon ventre digérant sa propre paroi stomacale."
"Aucun enfant ne survivait ici; c'était les premiers envoyés aux douches. Il m'arrivait de pleurer quand je tombais sur de tels objets. Tenir en main un ours en peluche que son propriétaire ne reverrait jamais, puis le jeter sur un tas destiné à la destruction était profondément accablant."
Mais la frontière entre justice et vengeance est parfois bien floue. Jodi Picoult l'a bien compris et c'est ce qui rend son roman aussi passionnant, aussi captivant, aussi profondément humain. On y puise une incroyable force, un incroyable espoir malgré toute la souffrance et les horreurs perpétrées.
"Tu vois, Minka, tout est possible, me dit mon père. Même la bête la plus terrifiante peut un jour être reléguée au rang de souvenir lointain."
Si on peut oublier les atrocités et les crimes les plus horribles perpétrés contre l'humanité, est-il possible pour autant de pardonner ? C'est au lecteur de trouver la réponse à ce dilemme moral. Jodi Picoult, elle, ne fait qu'écrire l'histoire bouleversante qui servira de support à la réflexion, presque philosophique, de chacun sur l'oubli et le pardon. Pardonne-lui est un roman exceptionnel, qui ne laissera personne indifférent.
J'ai lu ce titre dans le cadre du Challenge 1% de la rentrée littéraire 2013.