ON NE VOIT BIEN QU'AVEC LE COEUR...

Une romancière de trente ans, de retour dans son pays natal, et une octogénaire, vivant en quasi-ermite à l'orée d'un village suédois, se lient d'amitié. Par petites touches, ces deux femmes meurtries, recluses dans leur solitude, racontent des drames qu'elles n'avaient jamais révélés à personne. Au fil des saisons, elles réapprennent à se souvenir des belles choses qu'elles croyaient à jamais oubliées : un air de musique, un sourire... Et à s'ouvrir de nouveau au monde.

"Veronika glissa la main sous son cheminiser pour en sortir son pendentif en néphrite. Actionnant le fermoir, elle le détacha de son cou et le leva dans le soleil.

- Tenez, Astrid, regardez.

La vieille femme se pencha vers elle et leurs têtes se frôlèrent tandis qu'elles contemplaient la pierre.

- Si vous regardez avec le coeur, vous pouvez y voir tout ce que vous aimez : les lacs, les forêts, le ciel, l'univers tout entier.

Elle tendit le pendentif à Astrid, qui laissa courir ses doigts sur sa suface lisse.

- Je ne l'ai plus porté depuis la mort de James. Parce que j'avais perdu mon coeur. Je ne pouvais plus rien voir. Mais, ce matin, je l'ai mis, dit-elle en le raccrochant autour de son cou. Et je crois que je vois. Je crois que je vois de nouveau la beauté.

Astrid se tourna vers elle.

- Oui, dit-elle. Oui, la beauté existe. Il suffit de regarder avec le coeur pour la voir partout."

Comments

[C'era una volta]

Qu'il est beau ce passage!